3.9.10



 Je développe depuis 10 ans un travail polymorphe constitué
d'installations photos, vidéos, performances (voir Pratiques diverses),
mais c'est le médium peinture qui me semble aujourd'hui le plus pertinent dans mes recherches.


Depuis quelques années, je collecte et entrepose des magazines d'art divers
( Art Press, Beaux-Arts magazine ... etc ) qui, au fil du temps, se sont mis a recouvrir le sol de mon atelier.
C'est ainsi que de la peinture s'y est naturellement déposée, par accident ou par acte délibéré :
 ces magazines sont devenus mes palettes, territoire de mélanges, de juxtapositions et de liberté.
Le conglomérat de matières et de couleurs se mêle à la couverture (souvent glacée),
en révélant parfois certains détails, formes colorées ou morceaux de textes.
Ces palettes deviennent ensuite à leur tour peinture/tableau :
un reliquat de cet acte de peindre dont j'essaye d'appréhender les mécanismes.


A l'heure actuelle, je tente de matérialiser l'énergie de ces Petits Formats en les transposant
sur des formats de 200x150cm en conservant au maximum le rapport 1,41 des magazines ( 29,7cm : 21cm = 1,41 ).
L'une des difficultés est de conserver la même énergie du petit au grand format.
Il ne s'agit pas de copie à l'exacte en plus grand, mais d'une réinterprétation du sujet de base : la peinture.
Car, si le modèle existe bel et bien, son image n'est pas une reproduction à l'identique :
des parties sont omises, d'autres subissent des modifications de tailles, de formes, de teintes,
enfin le tableau présente des harmonies qui lui auraient manqué s'il eût été absolument fidèle à l'original.


De plus, suite a une montée en matière grâce à un apport de silice dans le mélange pigments-huile de lin,
le support toile n'est plus suffisant afin de supporter le poids de la peinture.
C'est pourquoi les chassis sont désormais constitué d'une plaque de contreplaqué.


Cet évolution du travail m'amène également à me poser certaines questions sur le mode de présentation traditionnelle
de la peinture, à la verticale, en tentant une mise en espace du tableau, posé au sol, ou surélevé et incliné
à l'aide d'une structure apparente. Cette dernière possibilité pose de nouvelles problématiques
sur le volume, la sculpture, et une adéquation possible de ces deux médiums.


Ce travail est à la fois l'expression d'une réflexion sur le médium,
d'une critique de ses caractéristiques, et d'une analyse de ses possibilités.